L'Art des putains

Nicolás Fernandez de Moratin


Auteur : Nicolás Fernández de Moratín
Traducteur : Frédéric Prot
Préfacier : Jean-Marie Goulemot
Gravures de Thomas Verny

Editeur : Editions Dilecta
Collection : Bibliotheque Des Curieux
Date de parution : Août 2008
ISBN : 2916275371


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L’Art des putains

de Nicolás Fernández de Moratín



           L’Espagne du XVIIIème siècle offre un patrimoine littéraire libertin qui se réduit à quelques très rares ouvrages, inconnus pour la plupart en France. L’Art des putains (Arte de las putas) de Nicolás Fernández de Moratín (1737-1780) est la pièce maîtresse de cette littérature clandestine. On est frappé par sa verve, son effronterie carnavalesque et la qualité graphique des personnages féminins que l’on croise. Certaines scènes ont directement inspiré Francisco de Goya, quand il entama sa série de gravures, intitulée Los caprichos (Les caprices, 1799).
           L’Art des putains fut, semble-t-il, écrit en 1772. Cinq ans plus tard, un édit inquisitorial en interdit la circulation imprimée. Il faudra attendre l’année 1898 pour qu’enfin le texte connaisse sa première édition. Ce guide du parfait miché (client de prostituée) circula toutefois sous forme manuscrite entre les mains des amis de Moratín, comme en attestent les nombreuses copies conservées à la Bibliothèque Nationale d’Espagne.
           L’Art des putains demeurait jusqu’à présent inédit dans sa version française, quoiqu’il constitue, sans conteste, le meilleur morceau de la littérature érotique espagnole du XVIIIème siècle. L’œuvre, composée initialement en vers (soit un ensemble de 2.000 hendécasyllabes) est ici traduite en prose, par Frédéric Prot (Univ. Michel de Montaigne, Bordeaux 3).

           L’intention avouée de Moratín est d’offrir, à travers son Art des putains – que l’on aurait pu aussi traduire par L’art de putaner - un pastiche de L’art d’aimer d’Ovide.
           Afin de laisser libre cours à sa fantaisie, l’auteur prend le prétexte comique d’un manuel et d’un guide pratique, destiné aux jeunes libertins du Madrid des années 1770. Puisqu’il faut bien que le corps exulte, le projet de jouir sans entraves, dans une ville regorgeant de périlleuses mais piquantes filles de joie, suppose que l’on sache en déjouer les ruses. Il s’agit de faire le meilleur choix, au moindre coût et sans courir le risque de se gâter la santé auprès d’une prostituée qui aurait croisé la vérole sur son chemin. L’Art des putains prend la forme d’une galerie de portraits féminins, brossés dans l’esprit du raccourci, et d’un ensemble d’anecdotes, vraies ou inventées, de recommandations en tout genre (sur les terrains de chasse, les techniques d’approche, etc.).
           Moratín retrouve dans cette oeuvre certains de ses thèmes de prédilection : le tableau haut en couleurs de l’agitation madrilène, le monde des corridas et des bals masqués, celui des fêtes populaires. Il rappelle la mémoire d’un libertinage qui persiste dans le monde depuis les temps mythologiques de l’Ancien Testament. Il prend soin également de rendre hommage à ses illustres prédécesseurs : Ovide, Juvénal, Marcial, Quevedo.

           Les 13 gravures inédites de Thomas Verny, qui accompagnent cette édition, offrent une interprétation moderne, en noir et blanc, des nombreuses figures de femmes rencontrées dans l’œuvre.
           Jean-Marie Goulemot, réputé pour ses travaux universitaires sur les Lumières en France et notamment la littérature libertine et pornographique du XVIIIème siècle, a préfacé l’œuvre, en l’inscrivant dans une histoire de la représentation littéraire de la prostituée en France, en Angleterre et en Espagne.