Qui es-tu ?

Extrait

Découvrez un extrait de Qui es-tu ? - Trente ans de quête photographique de Tiziana et Gianni Baldizzone

Tiziana et Gianni Baldizzone

Photographes italiens indépendants, Tiziana et Gianni Baldizzone se sont rencontrés à Madagascar en 1977. Leur approche humaniste de la photographie est influencée par la recherche de l'intimité et du rapport à l'autre. Engagés depuis longtemps dans des projets au long cours autour de thèmes précis – dont leurs derniers Esprit Nomade et Transmissions (2010 - 2016) –, ils opèrent en couple et signent conjointement leurs ouvrages.

Grands voyageurs, ils ont publié plus d'une vingtaine de monographies orientées sur l'humain, la diversité culturelle et l'environnement.
Leurs photographies sont publiées dans la presse internationale et font l'objet de grandes expositions en Europe, au Japon et aux États-Unis.

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Entretien avec Tiziana et Gianni Baldizzone pour son nouveau livre Qui es-tu ? - Trante ans de quête photographique

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Découvrez quelques photos de Qui es-tu ? - Trente ans de quête photographique de Tiziana et Gianni Baldizzone.

Sommaire

1. Qui es-tu ?

« Premières rencontres : des silhouettes, des mains, des corps, des jeux de regards, des sourires, des gestes révélateurs… Nous cherchons à percer les apparences, à décrypter les attitudes, à capter les signes qui nous parlent de l'autre : des tatouages, des voiles, des barbes, des rides, des scarifications...
Nous observons et sommes observés : il y a ceux qui s'étonnent et ceux qui hésitent, ceux qui évitent le regard du photographe et ceux qui lui répondent par l'intensité du leur. Il y a des yeux bleus, noirs, bridés, écarquillés, hésitants, gênés, défiants, étonnés ou curieux...
Il y a des mères de famille, des frères, des tulku, des magiciens de la pluie, des paysans, des enfants dieux... »

2. Où demeures-tu ?

« Nous pénétrons le territoire de l'homme. Des horizons lointains, de grands espaces où l'homme est minuscule, des paysages urbains, des coins de rue qui n'appartiennent pas à ceux qui les habitent. Nous sommes admis dans l'espace privé, dans les demeures. Nous observons des tentes, des huttes, des maisons ; des traîneaux, des vélos ou des limousines ; des mères qui cuisinent ou des pauvres qui dorment dans la rue. Nous cherchons les détails révélateurs d'un mode de vie ou de pensée comme cette porte de yourte ouverte sur le néant posée à terre, parmi des bagages, qui nous parle d'hospitalité avant même qu'une demeure existe... »

3. Que fais-tu ?

« Nous sommes accueillis dans l'enceinte et acceptés dans le milieu. Nous partageons le quotidien de l'homme. Nous explorons ses activités, ses gestes, ses jeux et ses loisirs, ses passe-temps et son temps perdu. Devant notre objectif, les gens ne suspendent plus leur activité. Nous entrons ainsi en relation avec des barbiers, des pêcheurs, des chasseurs à l'aigle, des nettoyeurs d'oreille, des fileuses, des émailleurs de porcelaine, des passeurs de bambou, des constructeurs de gondoles… des bouffons, des nomades qui s'esclaffent autour d'un billard, des jeunes qui jouent aux osselets ou d'autres qui édifient un violon... »

4. Comment t'exprimes-tu ?

« Nous sommes dans le cercle. Le dialogue devient plus intime encore. Nous partageons les étapes de la vie des autres. Nous recherchons les expressions et leurs nuances qui racontent les états d'âme. Le baiser du père à la mariée, le chuchotement des deux amies japonaises, l'éclat d'allégresse de deux vieilles femmes, le chagrin, la maladie, le dernier adieu à la mère et au père, le soutien, le partage… Nous observons la main créatrice, le goût de la beauté, la joie de se mettre en scène, l'émerveillement qui bouleverse à tout âge... »

5. En quoi crois-tu ?

« Nous allons vers ce que l'homme garde de plus secret : son credo, sa philosophie de vie, son rapport à la spiritualité, à l'éducation, le rendez-vous entre les générations et la transmission du savoir.
Notre objectif suit des foules et des individus, des mains qui allument un cierge, d'autres qui se tendent pour recevoir des pilules de longue vie, des puja de femmes à l'intention de leur mari ; de pieuses kora, des moines en méditation, des chamans virevoltant ; des gourous, des weiza, des médecins traditionnels, des maîtres de l'équilibre, des philosophes de la nourriture, des instituteurs... »